Cyclone Chido : Entretien avec le directeur des opérations du Groupe Citadelle à Mayotte

Entretien avec Laurent Janoviez, Directeur général de MMCD, SMCA et Hamaha Rent à Mayotte qui revient sur son expérience lors du passage du cyclone Chido sur l’île le 14 décembre 2024.

 

Pouvez-vous décrire l’ampleur de l’impact de l’ouragan Chido sur Mayotte, à la fois pour la communauté et pour les opérations de Groupe Citadelle ?

« Parler de l’impact de ce cyclone, c’est parler d’un cataclysme. Chacun a été marqué par la violence des vents et les dégâts sur les habitations. Même les maisons en dur ont subi des inondations ou des toitures arrachées. Pour les habitats précaires, la situation est encore plus dramatique : ils ont été détruits.

Sur le plan opérationnel, le Groupe Citadelle n’a pas été épargné. L’atelier et le magasin de notre concession sont sans toit, l’atelier est exposé aux intempéries et les bureaux ont été détruits. Même si la carrosserie a tenu, une partie de la charpente est endommagée. Chez Hamaha Rent, le vent a déplacé les bâtiments, et un toit voisin s’est écrasé sur les véhicules. »

 

Quels ont été les défis immédiats auxquels vous et votre équipe avez dû faire face pendant et après l’ouragan ?

« Le premier défi a été de retrouver tous nos collaborateurs. L’angoisse était immense, car beaucoup se trouvaient dans des zones sans réseau. Ensuite, il a fallu évaluer l’ampleur des dégâts pour élaborer un plan d’action. Dès samedi soir, nous avons fait un premier bilan. Dimanche, nous avons réalisé des photos et des vidéos pour les assurances, puis dès lundi, les équipes étaient mobilisées pour sécuriser les accès.

Malheureusement, nous avons subi des actes de pillage et de vandalisme. Heureusement, nous avions anticipé en mettant les véhicules à l’abri, ce qui a limité les dégâts.

La reconstruction est complexe, entre problèmes de sécurité et manque de matériaux. Mais la solidarité a joué un rôle important, notamment grâce à une entreprise de BTP qui est intervenue spontanément pour déblayer notre parc. »

 

Quelle a été votre expérience personnelle pendant l’ouragan ? Comment avez-vous, avec votre équipe, réagi pour assurer la sécurité et la continuité ?

« J’ai vécu comme tout le monde ce cauchemar, écopant l’eau qui inondait ma maison. La peur de perdre ses proches ou ses biens a été partagée par beaucoup, et certains n’ont plus de toit aujourd’hui.

Pour garantir la sécurité, nous avons évité tout déplacement nocturne et nous nous sommes assurés que chacun avait trouvé refuge. Concernant la continuité, l’urgence était de redémarrer les serveurs informatiques. Avec un seul site électrifié, nous avons fait de SMCA notre centre névralgique. »

 

Quelles mesures avez-vous prises immédiatement après l’ouragan pour évaluer la situation et coordonner les efforts de secours ?

« Nous avons agi rapidement pour sécuriser les sites, identifier les zones dangereuses, comme les fils électriques pendants, et protéger le matériel récupérable. Bien que tout le monde soit mobilisé, il faudra à terme envisager un soutien psychologique. »

 

Comment les employés locaux ont-ils fait preuve de résilience et contribué au processus de rétablissement ?

« Les collaborateurs se sont mobilisés dès le dimanche. Certains sont venus à pied ou en taxi, malgré des conditions difficiles. Ils ont participé activement à la mise en sécurité des bâtiments et du matériel, une preuve de leur dévouement. »

 

Y a-t-il des initiatives ou des programmes que Groupe Citadelle pourrait mettre en place pour garantir un soutien à long terme pour la communauté ?

« En tant qu’acteur de mobilité, notre rôle est crucial. Nous faisons tout pour livrer les véhicules prévus et réparer ceux en attente. Chez Hamaha Rent, nous avons déjà repris la location pour répondre aux besoins. Nous devons être capables de maintenir cette réactivité sur le long terme. »

 

Quelles premières impressions retirez- vous de l’après- cyclone?

« Je suis fier de mes équipes. Cette crise a révélé leur capacité de résilience et leur dévouement. Chaque jour est un défi, mais nous restons unis pour montrer que nous sommes capables de rebondir, même dans les conditions les plus difficiles. L’avenir de Mayotte dépendra de la solidarité de tous, acteurs privés et publics. »